Le plus vieil humain de Bretagne a été découpé !


Nous avons longuement tourné, retourné et tripatouillé le plus vieil humain de Bretagne (un homme, une femme ?), découvert en fouille par Olivier Kayser à Quiberon en 1985. Plusieurs ossements humains ont été ainsi exhumés lors des travaux sur ce site au cours des années 1980 puis des années 2010 ; ils étaient répandus au milieu des déchets alimentaires, juste comme ça, des humains en kit au milieu des coquilles.
 
 
Il ou elle a vécu il y a 8200 ans avant nous. L'individu, jeune, est-il mort à Beg-er-Vil ou bien ailleurs ? L'analyse isotopique de l'os a montré qu'il ingurgitait beaucoup de produits de la mer, il avait souvent les pieds iodés...
 
La clavicule a été soigneusement découpée et décharnée, mais dans quel but ? Manger, honorer, célébrer, conserver une dépouille, ou bien juste passer le temps entre amis ....
 
 
Nous avons utilisé des technologies de pointe pour visualiser des traces anthropiques et les altérations naturelles. L'outil informatique nous a permis de quantifier, de prendre des mesures. Et puis, nous avons appris à dialoguer (informaticiens, bioanthropologues, archéologues, tracéologues), c'était chaotique au début et bien chouette au final. Ça à pris des années d'interactions, mais ça valait le coup.
 
L'article, publié dans APPLIED SCIENCES, est en accès libre avec ce lien (en anglais).

Voici un résumé en français de cet article :

La numérisation archéologique en 3D d'éléments squelettiques est un aspect essentiel de la bioarchéologie. Les objectifs sont variés : archivage des données (notamment avant un prélèvement destructif pour des études biomoléculaires par exemple), étude ou à des fins pédagogiques pour permettre leur manipulation. Les techniques évoluant rapidement, la question qui se pose est celle de l'utilisation de méthodes appropriées pour répondre aux différentes questions et garantir une qualité d'information suffisante.

L'utilisation combinée de différentes technologies 3D pour l'étude d'un fragment d'os mésolithique de Bretagne (France) est ici l'occasion de comparer différentes méthodes de numérisation 3D. Cet os humain le plus ancien de Bretagne, une clavicule constituée de deux morceaux, a été exhumé dans l’amas coquillier mésolithique de Beg-er-Vil à Quiberon et daté d'environ 8200 à 8000 ans avant le présent. Ils sont liés à un traitement post-mortem, réalisé sur de l'os frais afin de retirer les téguments, qu'il est nécessaire de mieux qualifier. La clavicule a été étudiée grâce à un processus qui combine l'acquisition d'images 3D avancées, le traitement 3D et l'impression 3D, dans le but de fournir un support pertinent aux experts impliqués dans le travail. Les os ont d'abord été étudiés à l'aide d'une microscopie métallographique, puis scannés à l'aide d'un scanner et numérisés par photogrammétrie afin d'obtenir un modèle texturé de haute qualité. Le scanner s'est avéré insuffisant pour une analyse détaillée ; l'étude a donc été complétée par un µ-CT fournissant un modèle 3D très précis de l'os.

Plusieurs copies imprimées en 3D de la clavicule ont été produites afin de favoriser le partage des connaissances entre les experts participant à l'étude. Les modèles 3D générés par le µCT et la photogrammétrie ont été combinés pour fournir un modèle 3D précis et détaillé. Ce modèle a été utilisé pour étudier la desquamation et les différentes marques de coupe, y compris leur angle d'attaque. Ces marques de coupe ont également été étudiées avec des optiques de microscope traditionnelles et en microscopie numérique. Cette dernière technique a permis de caractériser leur type, révélant un probable processus de découpe de viande avec un outil en silex. Ce travail d'analyses croisées permet de documenter une pièce patrimoniale fondamentale, et d'en assurer la conservation. Des copies sont également disponibles pour les musées régionaux.

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