GEOPRAS : un programme de préhistoire et de géomorphologie littorale

Programme soutenu par l’ANR (n°CE27-024)

Brest, Rennes, La Rochelle, Bordeaux

7 participants institutionnels, 25 êtres humains impliqués 

Porteur : Grégor Marchand
Co-Porteur : Pierre Stéphan et Florence Verdin

Conseil scientifique : Florence Verdin, Pierre Stéphan, Grégor Marchand, Yves-Marie Paulet, Yvan Pailler, Morgane Ollivier, François Lévêque

Durée : 2022-2025

Tweeter : @ProjetGeopras 

L'équipe du programme GEOPRAS (GEOarchaeology and PRehistory of Atlantic Societies) associe sept partenaires institutionnels, implantés à Brest, Rennes La Rochelle et Bordeaux. Ils sont impliqués depuis des années dans l'archéologie du littoral (UMR 6566 CReAAH, UMR 6554 LETG, UMR 5607 AUSONIUS, UMR 6553 ECOBIO, UMR 6539 LEMAR, UMR 7266 LIENSs, INRAP). Ce programme a obtenu un financement de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) pour quatre années (2022-2025).

Relevés de sols anciens dans la Dune du Pilat en Gironde (Photo : Pierre Stéphan)

Le programme GEOPRAS étudie les sociétés littorales de la Préhistoire récente (Mésolithique et Néolithique) de la façade atlantique française, afin de comprendre leur organisation sociale et économique et leur rôle dans des dynamiques historiques telle que la néolithisation. L'accumulation de biens par le stockage, la spécialisation des modes de production, l'émergence de hiérarchie sociale ou d'un mode de vie sédentaire sont souvent attribués à ces populations côtières, sur la base de documents ethnographiques des deux derniers siècles. Cependant, chacune de ces manifestations sociales doit être décrite en fonction des variables environnementales régionales, sans préjugés évolutionnistes. Notre hypothèse de recherche est que les dynamiques environnementales ont grandement facilité certaines formes d'évolution historique. Cela nous incite à mieux définir la nature de ces transformations environnementales, puis à analyser les réseaux humains à l'interface continent-océan. 

L'intégration étroite des disciplines scientifiques au sein de notre équipe pluridisciplinaire permettra de traiter trois questions fondamentales pour évaluer le rôle historique des populations côtières au début de l'Holocène:

Q 1/ Quel a été l'impact des transformations radicales des paysages maritimes sur les établissements humains, les réseaux et ressources humaines et l'accès aux ressources ?

Q 2/ Quelles ont été les stratégies économiques mises en œuvre par ces sociétés préhistoriques pour intégrer ces écotones, notamment au regard de leur fonctionnement cyclique (saisons, marées) et quels transferts et complémentarités avec les sociétés continentales peuvent être décelés ?

Q 3/ Quels systèmes techniques spécifiques aux milieux maritimes ont été développés pour les besoins de subsistance mais aussi pour la mobilité humaine par la navigation, et quels sont les paramètres déterminant leurs transformations au cours de l'Holocène ? 

Fouille en urgence en Gironde (Resp : Florence Verdin ; Photo : Grégor Marchand)
 

La première tâche consiste à restituer les environnements passés. Au cours des périodes mésolithique et néolithique, la plupart des paysages ont été profondément transformés par l'élévation du niveau de la mer et les processus d'érosion et de sédimentation associés. La restitution des environnements côtiers du passé se fera par une approche qui combine une large échelle (région), une échelle intermédiaire (paysage proche) et une échelle locale (site archéologique). 

Notre équipe propose une combinaison de méthodes adaptées à différentes conditions géographiques (dunes, côtes rocheuses, marais) autour du Golfe de Gascogne, en testant les limites de plusieurs d'entre elles. Pour reconstituer les changements dans le paysage côtier à grande échelle (régional) autour des différentes fenêtres géographiques étudiées, nous utiliserons les données environnementales disponibles dans la littérature scientifique et dans les bases de données nationales et internationales en libre accès. En ce qui concerne les changements environnementaux d'échelle intermédiaire, plusieurs méthodes seront mises en œuvre en fonction des archives sédimentaires, des paléosols et des spécificités géographiques et géomorphologiques de chaque zone d'étude.

Zone d'étude envisagée (Carte : E. Lopez-Romero)

La seconde tâche s’attelle à étudier la manière dont les sociétés humaines ont géré l'interface terre-mer. Les amas coquilliers sont devenus les nœuds emblématiques de ces réseaux holocènes sur la côte, en raison de l'abondance des données bioarchéologiques qu’ils recèlent. Ils seront abordés à la fois pour juger de la biodiversité et des pratiques alimentaires, mais aussi pour comprendre les rythmes de la mobilité collective. 

Pour appréhender le « signal archéologique », le programme GEOPRAS se concentrera sur le développement de méthodes d'intervention rapide et de sauvetage pour l'archéologie et la géoarchéologie. Nous proposons d'appliquer ces méthodes sur des sites actuellement en cours de fouille ou dont l'exploration est prévue dans le cadre du projet, tels que les amas coquilliers, les sites d'estran ou de marais. Des méthodes d’intervention sur le terrain optimales et intégrées seront développées pour l'enregistrement des vestiges archéologiques, souvent très éphémères sur les estrans, ainsi que pour les procédures d'échantillonnage, en particulier dans les amas coquilliers (études géophysiques, archéozoologie, micromorphologie, géochimie, taphonomie, approches métagénomiques, datations OSL). 

Carottage autour de l'amas coquillier de Beg-er-Vil à Quiberon (Photo : G. Marchand).

La troisième tâche consiste à comprendre les orientations spécifiques des systèmes techniques dans un contexte maritime, en insistant notamment sur la navigation. Ce domaine technique est au cœur de toutes les questions posées sur les relations entre les zones côtières, mais aussi des orientations déterminantes des différents systèmes techniques développés dans ces zones. Pour pallier le manque de connaissances sur ces embarcations préhistoriques, nous proposons une approche, basée sur trois pôles disciplinaires en interaction permanente : 1) les références ethnographiques et historiques, 2) les analyses technologiques et d'usure d'usage sur les outils lithiques et osseux, 3) l'expérimentation.

Outre les développements méthodologiques, notre objectif est de poser les bases conceptuelles, méthodologiques et techniques d'une préhistoire maritime. Les résultats prendront place dans un manuel, rédigé en français et en anglais. L'implication des citoyens (archéologues amateurs, observateurs, touristes) dans les tâches scientifiques (prospections, fouilles, expérimentations) sera anticipée et coordonnée.

Des programmes liés

ESTRAN (2020-2024), dirigé par Florence Verdin (Ausonius) et Frédérique Eynaud (EPOC), financé par la région Aquitaine. 

SEALEX (2020-2024), dirigé par Pierre Stéphan (LETG), financé par l’EUR ISBlue.

Chaire ARmeRie (Archéologie Maritime et Recherche Interdisplinaire Environnementale), dirigée par Yvan Pailler et Pierre Stéphan. 

IRN GEOPRAS (2019-2023), dirigé par Grégor Marchand (Creaah), financé par le CNRS-INEE









 






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